Ces deux dernières années de nombreux belges ont dû s'adapter au travail à domicile en raison des mesures d'isolement social imposées par les pouvoirs publics en vue d'endiguer la propagation de l'épidémie de coronavirus. Malgré le fait que les mesures  sur le télétravail se sont dernièrement assouplies, nombreuses sont les entreprises, (y compris la Défense) qui envisagent de rendre le télétravail durable à moyen, voire à long terme, en s'adaptant aux nouvelles méthodes de travail (new way of working) et d'interaction entre collaborateurs. Beaucoup télétravaillent à temps plein ou presque. Ce système présente certes des avantages, mais aussi des inconvénients.

Difficulté à se déconnecter du travail. Courriels constants. Le travail s'immisce dans la sphère privée. Le domicile devient le "lieu de travail" et le lieu de travail devient le "domicile".

Malgré les avantages que vous pouvez y trouver, la CGSP Défense reste opposée à un élargissement du télétravail.

Le télétravail ne peut se faire que sur base volontaire. Les jours de télétravail doivent être fixés de commun accord entre le militaire et sa hiérarchie. Le télétravail ne peut dépasser les trois jours par semaine pour un régime de travail à temps plein comme le prévoit le règlement TRAVARB et ceux, afin de permettre la transmission des savoirs, garantir une cohésion sociale des militaires, permettre l’aide et l’écoute des collègues.

Le télétravail, ne peut nuire à la santé du travailleur. Les mêmes conditions de travail, au sens de la loi du bien-être au travail (matériel, ergonomie, …), doivent être offertes au militaire qu’il soit sur son lieu de travail ou qu’il soit à son domicile. Le matériel recommandé par la médecine du travail doit être fourni sur les deux « lieux de travail ».

La mesure du temps de travail doit être la même sur le lieu de travail que sur le lieu de télétravail. Les prestations doivent être effectuées dans les plages horaires concertées. Le télétravail ne peut être un report de charge de la Défense sur le militaire. Une indemnité non imposable, couvrant l’ensemble des nouvelles charges du travailleur doit être calculée, indexée automatiquement et versée mensuellement au télétravailleur.

Le télétravail ne peut nuire à la qualité de vie du militaire, ni s’introduire dans sa vie privée. A cette fin, un droit à la déconnexion doit être négocié. Le respect du droit aux congés (de tous types) et aux temps de repos doit être garanti.

L’autorité doit s’engager à ne pas utiliser de logiciels espions sur le matériel fourni aux télétravailleurs. Ainsi, les fonctionnalités qui permettent le « flicage », (par exemple Microsoft Office 365, logiciel fort répandu dans la fonction publique) ne peuvent pas être activées.

La médecine du travail pourra recommander ou interdire le télétravail. Recommander par exemple pour les personnes retournant au travail après une maladie grave. Interdire quand il y a un lien entre le télétravail et la maladie du travailleur, par exemple par suite d’un burn-out ou un team-out.

En conclusion, un domaine auquel de nombreux militaires devront être particulièrement attentifs sera leur santé mentale et la manière dont elle pourrait être affectée par le télétravail. Il est évident qu'il s'agit d'un sujet aux multiples facettes et que les circonstances individuelles de chacun seront différentes, tant sur le plan professionnel que personnel.