La Cour des Comptes très critique !

La Cour des Comptes estime qu’avec 255 millions d’euros de coupes budgétaires sur une dotation de 2,5 milliards, la Défense est dans une situation des plus critiques. Les plans de vol seront réduits de moitié, 10% des manœuvres navales seront supprimées, il n’y aura plus d’argent pour l'entretien de véhicules blindés, etc.

Le ministre Steven VANDEPUT (N-VA) déclarait récemment que la conséquence logique de l’accord de gouvernement implique qu’aucun euro ne sera dépensé en matière d’investissement. Or, la Cour des Comptes ne semble pas d’accord avec cette option...


En effet, elle estime que les économies à effectuer au sein de la Défense sont trop ambitieuses, au point d’engendrer d'importants soucis budgétaires dans quasiment tous les Départements. Le manque de ressources pour l'infrastructure empêcherait d’accueillir les nouveaux avions de transport A400M à l’horizon 2019 (en principe, 150 à 170 millions d’euros sont nécessaires pour adapter un des quatre grands aéroports militaires, Melsbroek étant privilégié pour l’instant).

Il y a urgence !

Dans la catégorie des dépenses indispensables, c’est l’équipement des Forces armées qui inquiète, comme le renouvellement des armes, des munitions, des véhicules de transport, du matériel informatique… qui relèvent des crédits d'investissement. Or, aucun euro n’a encore été investi et rien ne le sera. On imagine qu’il est difficilement concevable qu’il en soit simplement ainsi. Même la provision interdépartementale, malgré une réserve de 296,1 millions d'euros, serait trop faible pour permettre de ce genre de dépenses.

Le ministre s’est déjà entretenu avec le Chef de la Défense sur la situation, mais il devra trouver cette fois des réponses aux critiques de la Cour. Probablement qu’elles seront les mêmes que celles qu’il a déjà donné au Parlement, à la Presse et aux Organisations syndicales, à savoir qu’il faudra attendre le plan stratégique d’avril 2015 pour en savoir plus…

Le problème est que, même si le gouvernement Michel Ier semble disposer de pouvoirs extraordinaires, on ne planifie pas une catastrophe, qu’elle soit nationale ou internationale. Nos alliés non plus n’attendront pas pour se passer des militaires belges en opération et de la diplomatie belge lors de négociations ! On ne peut pas tout avoir.

Commerce extérieur en danger ?

La situation actuelle est le fruit d’un désintéressement total de la part du précédent ministre de la Défense, Pieter DE CREM (CD&V), dont la gestion catastrophique aura des conséquences lourdes pour l’avenir de la Défense, qui a dépassé le point critique de non-retour. Toutes les initiatives du nouveau ministre n’y changeront rien, elles ne pourront que freiner la chute. Dans le cadre budgétaire imposé, il est impossible de retrouver la marge d’investissements de 400 à 600 millions d’euros par an, comme ce fut le cas de 2001 à 2007, pour rétablir le déficit en matériel, sauf par des licenciements secs… et encore !

Nous n’étions pas au courant…

Le bilan DE CREM pour l’armée devrait éveiller l’attention du monde politique, des économistes et des entreprises, en se disant que l’Agence pour le Commerce extérieur est peut-être en danger. Avec une économie ouverte comme la nôtre, notre pays dépend à plus de 70% des revenus réalisés hors de nos frontières. Il n’y a aucune raison que le Secrétaire d’État au Commerce extérieur ne récidive pas. Il n’est pourtant pas impossible que l’on nous dise, comme c’est le cas aujourd’hui pour les militaires, « Nous n’étions pas au courant… ! »