Optimisme déplacé
Derrière l’optimisme apparent du ministre, qui focalise sur les missions extérieures, se cache une situation véritablement problématique. À tel point que la CGSP s’inquiète fortement pour la sécurité du personnel. Comment douter que nous n’allons pas vers de graves ennuis lorsque l’on analyse certains chiffres.

Par exemple, sur 688 postes d’électriciens/mécaniciens véhicules, 241 sont vacants. Après, on s’étonne que certains véhicules sont immobilisés depuis plus d’un an. Pour 1431 places d’informaticiens, 340 ne sont plus assurées. Il manque 71 sous-officiers Avionics sur les 407 fonctions nécessaires au maintien de la sécurité aéronautique, et la liste est encore longue.

Moins de fonctionnaires
Après s’être vanté d’avoir participé à la suppression de milliers de postes de fonctionnaires en collaboration avec sa collègue Inge Vervotte, force est de constater que toute la vérité n’a pas été dite par le ministre sur le sujet. Jamais notre Département n’avait connu un tel déficit en personnel dans des fonctions aussi vitales que sont celles des fonctions techniques. Et pourtant, la volonté d’en faire toujours plus avec moins de moyens reste intacte. Interrogé sur le fait de s’engager en Libye, tout en assumant les nombreuses autres missions en cours, Pieter De Crem a affirmé que rien ne permettait de penser que cela pourrait poser le moindre souci. La CGSP est en beaucoup moins sûre… Quoi qu’il en soit, Pieter De Crem, qui ne peut ignorer la situation, fait  preuve une fois de plus d’un manque de considération vis-à-vis du personnel. Dans de nombreuses spécialités, ce personnel est au bout du rouleau. C’est une situation qui tombe bien pour quelqu’un qui voudrait privatiser à outrance toutes les fonctions qui ne sont pas purement militaires !

Démolir au lieu de construire
À force de vouloir démonter tout ce que ses prédécesseurs avaient mis en place et qui fonctionnait bien, le ministre a réussi ce que personne n’avait fait avant lui, mettre une grande partie de la Défense dans une situation comateuse. Le plus tragique est la suppression des maisons de la Défense, qui permettaient de recruter des jeunes éléments motivés. Cette erreur, si elle n’est pas corrigée rapidement, va inévitablement provoquer une rupture difficilement réparable en termes d’équilibre dans les postes essentiels au bon fonctionnement de tout l’appareil militaire. Ce ne sont pas les discours d’autosatisfaction, ni le fait de se mentir à soi-même, qui règleront le problème.

À quand un débat sérieux ?
Il est plus que temps d’avoir un débat sérieux sur l’avenir de ce qu’il reste de la Défense, mais encore faudrait-il pour cela sortir des affaires courantes... Si, pour la plupart des citoyens, tout semble aller pour le mieux dans le meilleur des mondes sans gouvernement de plein exercice, c’est précisément parce que la vérité est minutieusement masquée, et pas uniquement en matière de Défense ! L’absence de contrôle parlementaire efficace et l’incapacité dont a fait preuve le Cabinet De Crem à gérer l’enveloppe en personnel sous cette législature font que des défis majeurs attendent son successeur. Hélas, les solutions qui se présenteront seront simples, restructurer encore une fois pour tenter de corriger les erreurs (pourtant annoncées) et sauver ce qui pourrait l’être… Encore faut-il que le monde politique soit intéressé à sauver l’armée, mais ça, c’est un autre débat !