Patrick DescyLe rideau est tombé. Pouvait-il en être autrement lorsque l’on connaît les différences qui opposaient les deux hommes ? Probablement pas. Il y a certainement des responsabilités partagées, mais le Ministre en porte une grande partie...Jusqu’à la fin, le CHOD aura tout fait pour mettre en garde le Ministre sur les dangers de sa politique incohérente. Si le premier était obstiné, le second est carrément borné et le clash était inévitable. Le manque de moyens de l’un et les dépenses inconsidérées de l’autre ne sont pas à sous-estimer. La « particratisation » dans les nominations, jusqu’au niveau des attachés de Défense, y est également pour beaucoup. Ajoutez à cela l’interventionnisme mal placé d’un Pieter DE CREM avide d’imposer ses préférences idéologiques dans des domaines militaires qu’il ne maitrise pas et vous obtenez une réaction en chaîne qui ne pouvait conduire qu’à une explosion de mécontentement.

Cette démission traduit un profond malaise au sein des Forces armées que nous dénonçons avec force depuis l’arrivée du Ministre DE CREM. L’exécution du plan de transformation à la hussarde fait que l’ensemble du personnel est dans le même état d’esprit que le CHOD, à la différence que pour beaucoup d’entre eux, une démission ne serait pas supportable financièrement… Car contrairement à ce que dit le Ministre, tout ne va pas bien et sa politique est un échec.

Lors de notre dernière entrevue avec le Général DELCOUR, le 6 mars 2012, il nous était apparu plus ouvert et plus disposé à accepter le fait que nous avions aussi un rôle à jouer dans ce combat. Malheureusement, et c’est un reproche que l’on peut lui faire, ceci est arrivé trop tard. Le manque total de concertation avec le Ministre devait impérativement être compensé par une meilleure prise en compte des représentants du personnel, ce qui n’a pas toujours été le cas, perdant ainsi une chance supplémentaire de mieux faire comprendre à son personnel le poids des choix politiques qu’il devait supporter quotidiennement.

Pieter DE CREM n’est pas le seul responsable politique dans cette affaire, le gouvernement a aussi sa part de responsabilité. Pendant toute la législature précédente, les avis étaient unanimes quant à la manière désastreuse dont le MOD gérait son Département. L’hypocrisie étant de mise lors des négociations gouvernementales, la reconduction de celui qui avait été tant critiqué pendant 4 ans ne devait pas nous étonner outre mesure, vu qu’il ne fallait surtout pas froisser le CD&V… Voilà le résultat !

Le pire dans toute cette histoire, c’est que ce sont les hommes et les femmes, qui chaque jour s’investissent pour faire fonctionner la Défense, qui vont une fois de plus en subir les conséquences. Période d’incertitude, nouvelle politique de gestion interne, changement de priorités dans les Composantes, etc. Voilà à quoi nous devons nous attendre dans les prochaines semaines, car rien ne dit qu’un successeur sera désigné rapidement puisqu'il s'agit d'un mandat politique...

Quoi qu’il en soit, le Général VAN CAELENBERGE est le CHOD ad interim et nous espérons pouvoir le rencontrer rapidement, afin de faire le point sur la situation et surtout de connaître ses objectifs et les changements éventuels qu’il compte apporter dans l’immédiat, et ce, dans l’intérêt du personnel.